Le retour fulgurant des Cent-Jours
La chute de Napoléon et l’exil à l’île d’Elbe
En 1814, après une série de défaites face aux forces alliées, Napoléon est contraint d’abdiquer. Il est exilé sur l’île d’Elbe, au large de l’Italie, où il conserve un petit royaume symbolique. Mais à peine un an plus tard, il parvient à s’en échapper.
Les Cent-Jours : le retour inattendu
Le 1er mars 1815, Napoléon débarque en France. En quelques jours, il rallie les troupes envoyées pour l’arrêter et reprend le pouvoir à Paris, relançant la guerre en Europe. Face à lui, la septième coalition se reforme rapidement, réunissant notamment la Grande-Bretagne, la Prusse, l’Autriche et la Russie.
Les forces en présence : une confrontation inégale ?
Napoléon : l’espoir d’un dernier triomphe
Avec environ 124 000 hommes, l’armée française est encore redoutable. Napoléon espère prendre de vitesse les armées alliées avant qu’elles ne puissent se réunir. Son objectif est de séparer les troupes de Wellington, commandant des Britanniques et alliés, et celles de Blücher, à la tête des Prussiens.
Les Alliés : un front coordonné
Le duc de Wellington, expérimenté et prudent, installe ses troupes sur une ligne défensive près du village de Waterloo. Les Prussiens, défaits deux jours plus tôt à Ligny par Napoléon, tentent de se regrouper pour une contre-attaque. Au total, les forces alliées rassemblent près de 210 000 hommes, mais tous ne sont pas encore sur le champ de bataille le 18 juin au matin.
Le déroulement de la bataille : du chaos à la débâcle
Une journée sous la pluie
La bataille commence tardivement à cause de la boue causée par la pluie tombée la veille. À 11h30, Napoléon lance son attaque principale sur le centre de la ligne alliée. L’objectif : percer les défenses de Wellington avant l’arrivée des renforts prussiens.
Les assauts français
Malgré de puissantes charges de cavalerie dirigées par Ney, la ligne anglaise résiste. Les tentatives de prise de la ferme de Hougoumont et du hameau de La Haye Sainte tournent à l’enlisement. Les carrés britanniques tiennent bon, au prix de lourdes pertes.
L’arrivée des Prussiens : le tournant décisif
Vers 16h, les premières troupes prussiennes apparaissent sur le flanc droit français. L’armée napoléonienne, déjà engagée de toutes parts, se retrouve débordée. À 19h, Napoléon tente un dernier coup de force en envoyant la Garde impériale, sa réserve d’élite.
Mais pour la première fois dans l’histoire, la Garde recule. C’est la panique.
La fin de l’Empire : les conséquences de la défaite
Une fuite et une abdication définitive
Après la déroute, Napoléon fuit le champ de bataille. Le 22 juin 1815, il abdique pour la seconde fois. Cette fois, l’exil sera définitif : il est envoyé loin de l’Europe, sur l’île de Sainte-Hélène, dans l’Atlantique Sud, où il mourra en 1821.
Une victoire pour les monarchies européennes
La bataille de Waterloo consacre la victoire des monarchies coalisées et met un terme à 25 années de guerres révolutionnaires et impériales. Le Congrès de Vienne, entamé en 1814, redessine les frontières de l’Europe, réinstaurant les monarchies et le système de l’équilibre des puissances.
Héritage et mémoires de Waterloo
Un symbole de chute et de gloire
Waterloo est rapidement devenu un symbole de la chute des ambitions impériales, mais aussi un moment de légende. L’expression « rencontrer son Waterloo » entre dans la langue pour désigner une défaite fatale. Pour certains, Napoléon reste un héros tragique, un génie trahi par les circonstances.
Une mémoire encore vivante
Chaque année, des milliers de passionnés se rendent sur le site de la bataille en Belgique, où a été érigée la Butte du Lion, monument commémoratif. Des reconstitutions historiques y sont régulièrement organisées.
Anecdotes et faits marquants
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La météo a joué un rôle crucial : la boue ralentit l’artillerie française et retarde l’attaque principale.
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La Garde impériale n’avait jamais été vaincue en combat jusqu’à ce jour.
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Victor Hugo évoque la bataille dans Les Misérables, décrivant Waterloo comme une rencontre entre le destin et la volonté.
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La blessure de Ney : surnommé « le Brave des Braves », il mène cinq charges de cavalerie et reste jusqu’au dernier moment sur le champ de bataille.
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Blücher, 72 ans, dirige ses troupes personnellement et contribue à la victoire finale malgré ses blessures.
La fin d’une époque et le début d’un nouvel ordre
La bataille de Waterloo ne fut pas seulement une défaite militaire. Elle marqua la fin d’un cycle historique, celui des Révolutions et des conquêtes napoléoniennes. Elle ouvrit la voie à un XIXe siècle dominé par les monarchies, mais aussi par les idées semées par Napoléon : égalité devant la loi, centralisation, mérite. Waterloo demeure un lieu de mémoire, de débat et de fascination. Une bataille dont l’écho résonne encore dans l’histoire de l’Europe.